Les CHARLES de Breloux

Tous deux prénommés Pierre, le père et le fils furent les artisans, les guides, les acteurs de notre histoire locale, tout au long du dix-neuvième siècle.

Le premier Pierre Charles (1765 – 1841) était l’ami du grand Jacques Bujault qui l’avait rendu célèbre à travers le personnage du " Père Abraham ", dans son almanach réputé.

Il fut d’une activité débordante, servi par une personnalité forte, énergique, voire autoritaire.

Maire de Breloux pendant 22 ans, Président du District de Ste Néomaye, Conseiller d’Arrondissement du premier canton de St Maixent. Expert dans son métier d’agriculteur et d’éleveur, il chassa les vieilles routines et imposa les nouvelles méthodes aux paysans du Pays Crèchois, où s’exerçait, écrit Henri Gelin, " son apostolat agricole et politique ".

Dès les premières décennies du dix-neuvième siècle, il militait pour une école neutre et rédigea en 1833 le règlement de l’école de Breloux, petit chef-d’œuvre de laïcité et de démocratie.

L’autre Pierre Charles (1804 – 1878), le fils aîné, devait poursuivre l’œuvre du père. Il reçut une bonne instruction.
Il sera la tête pensante d’une entreprise extraordinaire, la ferme-modèle de Breloux qui fit école dans toute la région.
La politique s’empara de lui, un court moment. Suffisamment pour qu’il devienne, en 1848, Représentant du Peuple à l ‘Assemblée Constituante. La tradition veut qu’il y siégea vêtu de sa blouse crèchoise …
Vite revenu à sa ferme et à son moulin, il milita contre l’Empire, profitant des tribunes que lui procuraient ses fonctions dans les diverses assemblées agricoles du département.
Il aida les artistes, les poètes, œuvra pour l’instruction publique, pour la culture populaire, la mutualité, et, comme le fit avant lui son père, soutint toutes les initiatives coopératives.

Pierre Charles reçut la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur en 1878, quelques mois avant sa mort.
On a souvent parlé de la " république familiale des Charles " avec l’application des grands principes démocratiques mis au service de la vie et du travail de chaque jour.

L’œuvre des Charles fait partie de notre patrimoine intellectuel.

Raoul MUSU - Juin 1999


Pour illustrer le combat et les moyens employés pour faire "passer" les progrès de la science :

Extrait de "A la recherche de Pierre Caillet" - R. Musu - éd. CLE 1987

Pierre Charles, le père du Constituant, qui fut un expérimentateur efficace de toutes les nouvelles méthode de culture et d'élevage et Jacques Bujault, l'avocat-laboureur, son ami, qui sût trouver le mode d'expression convenant au monde paysan d'alors.

Il leur fallait attaquer tout à la fois l'ignorance, la méfiance, la bêtise. Ils durent user de ruses pour forcer les paysans à seulement accepter l'idée qu'une amélioration de leur travail, donc de leur sort, était chose possible.

On raconte en pays crèchois que le père Charles avait choisi un terrain pentu pour que ses expérimentations du chaulage des luzernes fussent visibles de loin ... Par différence d'intensité de la végétation, le passant pouvait lire : "Effet de la chaux"* . On retrouvait la valeur de l'exemple.


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* "effet du plâtre" selon H. Gelin cité dans  "Aux côtés des Charles de Breloux" par André Benoist 1956

 Cimetière des Charles
 Tombe "Charles"
 Plaque commémorative ferme des Charles
2 portraits P. Charles "Représentant du Peuple"
Père Abraham

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